e30f7e8a-4ba6-4059-84bf-465e630d537e.jpg Par Jacques de Panisse, Gérant


La préoccupation centrale des marchés financiers est désormais l’ampleur de la récession qui se profile. Sera-t-elle légère ou faut-il craindre une contraction importante et brutale, à l’image de la forte remontée des taux directeurs enclenchée par la FED depuis mars 2022 ?

Les avis demeurent partagés alors que l’imminence d’un ralentissement paraît inévitable à certains. À quoi peut-on attribuer cette divergence d’opinions ?


D’une part, les marchés financiers qui sont la destination finale d’une grande part de la création monétaire, bénéficient encore d’une liquidité pléthorique issue des nombreuses aides gouvernementales accordées pendant et après le Covid. Cette abondance d’argent se traduit par une relative complaisance des investisseurs envers les actifs risqués.

D’autre part, les résultats satisfaisants du premier trimestre et les perspectives plutôt encourageantes développées par les chefs d’entreprises justifient une confiance renouvelée dans les marchés d’actions.  

Il est vrai que les plus grandes sociétés ont vu arriver l’inflation très tôt et ont su préparer des hausses de tarifs pour faire face aux hausses de coûts qui les impactaient. 

Après avoir massivement emprunté dans des conditions particulièrement favorables lorsque les taux d’intérêt étaient anormalement bas, voire négatifs, après avoir su bénéficier des soutiens gouvernementaux en période de Covid, elles ont su s’adapter aux conséquences d’une envolée des prix, et sauvegarder leurs marges. 

Ce savoir-faire remarquable fut plus rarement l’apanage des entreprises de taille plus modeste qui, pour la plupart, n’étant pas parvenues à saisir toutes ces opportunités, ont subi un parcours boursier bien moins flatteur.

Aujourd’hui, le consensus anticipe une récession douce et une inflation qui va s’assagir fortement. Ces anticipations présentent à notre avis quelques limites.


1/ Les bilans des banques centrales ont atteint des montants historiquement élevés et on voudrait croire de ce fait que la masse monétaire en circulation est suffisante pour permettre aux économies de faire face à un ralentissement. En fait, la faiblesse sans cesse accrue de la vitesse de circulation de la liquidité est particulièrement troublante. Ce second paramètre est aussi important que le premier et sa constante décélération, inexpliquée, risque d’opérer un effet récessif difficile à contrer. Le ralentissement qui s’annonce sera-t-il aussi discret que prévu ?


2/ Si les cours du gaz et du pétrole ont considérablement baissé depuis les plus hauts de l’été 2022, il parait peu probable qu’ils se maintiennent durablement à ces niveaux.

Avec l’avènement des politiques favorables aux énergies renouvelables, la volonté de constituer de nouvelles réserves en énergie fossile s’est constamment affaiblie.

En revanche, la demande continue de progresser partout, et l’objectif de tous les dirigeants de la planète demeure d’assurer à leur pays une certaine croissance. Or il n’y a pas de développement d’une économie sans consommation d’énergie supplémentaire.

Une baisse de l’offre accompagnée d’une hausse de la demande a rarement favorisé la constance du prix. L’inflation sera-t-elle durablement domptée ?


3/ Les connaissances technologiques s’accroissent à une vitesse jamais atteinte, offrant des bouleversements difficiles à prévoir et à intégrer avec cohérence dans une vision d’ensemble. Les erreurs d’appréciation manifestes conduisent à des erreurs croissantes d’allocations d’actifs qui soutiennent des investissements stériles.


À ce risque d’inadéquation majeure vont s’ajouter des tensions géopolitiques qui ne manqueront pas d’occasionner de probables crises. Ces deux phénomènes incontrôlables vont perturber la visibilité et brider la très frêle capacité humaine à prévoir le futur.


Néanmoins, d’une part toute conjoncture offre des opportunités, d’autre part, les marchés boursiers anticipent fortement et c’est lorsque les pires nouvelles s’accumulent que les cours se redressent et présentent le plus fort potentiel.



Rédigé le 10 mai 2023


Auteur(s) :  Occur