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Startups du retail et levées de fonds : La fin d'une parenthèse enchantée ?

Après une période d’euphorie pour les startups - levées de fond records, licornes prospères, french tech première de la classe - le marché semble marquer le pas. Quelles en sont les raisons ? Quels enseignements tirer ? Quelles perspectives et alternatives envisager ?

  • Source externe : Challenges
  • 06/03/2023
  • Lecture : 3min.

Il semblerait bien qu’après des années de vie et d’argent faciles, porté par les taux accommodants des banques centrales et la frénésie d’investissement des fonds de capital-risque, la roue soit en train de tourner pour les startups françaises. La baisse des levées de fonds, tendance mondiale observée au troisième trimestre 2022, a eu un impact considérable sur les valorisations des startups. 

𝗦𝗲𝗹𝗼𝗻 𝗹𝗲𝘀 𝗱𝗼𝗻𝗻𝗲́𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗖𝗿𝘂𝗻𝗰𝗵𝗯𝗮𝘀𝗲, seules 37 d’entre elles ont dépassé le milliard de dollars de valorisation, contre 163 un an plus tôt. Face à la menace inflationniste, voici venue l´heure pour les investisseurs, d’une recherche de stabilité et de rentabilité maitrisée.


𝗟𝗮 𝗽𝗮𝗿𝘁 𝗱𝗲 𝗹’𝗲-𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗿𝗰𝗲 𝘀’𝗲𝗳𝗳𝗼𝗻𝗱𝗿𝗲… 

Première victime de cette tendance, le secteur de l’e-commerce. Secteur star des levées de fonds en 2021, les fonds levés par les startups de la vente en ligne ont connu un ralentissement important au second semestre 2022. Résultat des courses : moins de 200 millions d’euros ont été levés par les e-commerçants, contre plus d’un milliard à la même période en 2021. A quelles raisons attribuer un tel effondrement ? D’abord à la menace inflationniste, qui entraine dans son sillage une baisse de la consommation, et, par ricochets une baisse d’activités pour les retailers et les commerces en ligne.

Ensuite parce que les DNVB (Digital Native Vertical Brand), ces marques 100% digitalisées dès leurs premiers jours, sont aujourd´hui à la peine. L’augmentation des coûts d’acquisition client sur internet (publicité sur Facebook, Instagram, Google) – multipliés par 2 entre septembre 2021 et mars 2022 - a mis à mal leur modèle économique : une identité de marque forte et l’analyse de datas, qui leur permettent d’adapter sans cesse leur production aux desideratas de leur clients. Une augmentation que leurs caractéristiques structurelles ne permettent pas de compenser : marges faibles, croissance sans économies d’échelle, internationalisation rare… Ainsi, de plus en plus de sites d’e-commerce sont menacées de mettre la clé sous leur porte virtuelle.

En décembre 2022 et en janvier 2023, des sites comme Oogarden et Place du Marché ont été respectivement placés en redressement judiciaire.  En bout de compte, les sites d’e-commerce ne sont plus objets de désir pour les investisseurs. Les perspectives de croissance et de rentabilité insuffisantes ont éloigné les investisseurs en capital-risque du secteur de l’e-commerce, entré dans l´âge de la maturité : la multiplication de sites de vente en ligne - encouragés par la réussite de certains DNVB pionnières, comme Bonne Gueule ou le Slip français – et dont la création est facilitée par l’existence de nombreux outils software no code, ont banalisé un secteur qui était vu comme innovant. Une situation à telle point préoccupante qu’un collectif de marques nées sur le web a été créé en juin 2022, pour alerter Bercy de la situation financière d'une partie d'entre elles. Son nom ? We Are Lucioles, qui réunit une soixantaine de DNVB dont Angarde, Joone, Cosme, Pom'Poire et Paname Collection, construites en contrepoint des licornes françaises - ces entreprises valorisées à plus d'un milliard d'euros. 

Est-ce que ce désamour des investisseurs à l’endroit des startups de l’e-commerce va durer ? Nul n’a le don de prophétie, surtout en économie. Il reste toutefois possible d’identifier des tendances. Entre autres, celle d’une entrée dans la récession, qui s’inscrit dans un monde en mutation, à la fois sur le plan géopolitique, économique, social et environnemental. Depuis 2008, la baisse tendancielle des taux d’intérêt et une injection massive de liquidités, a affaibli le marché. En 2020, avec la crise sanitaire, la BCE a fixé pour la première fois des taux négatifs, prise en étau entre l’inflation et le risque de récession. Cette crise structurelle, que la majeure partie des économistes voient durer, est renforcée par les mutations macro-économiques, parmi lesquelles la démondialisation de l'économie, qui pourrait entrainer une dégradation du pouvoir d'achat.

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