- Auteur : Laplace Date : 07/08/2024 Lecture : 3min.
Après les espoirs et le volontarisme affichés en 2021 lors de la COP 26 à Glasgow, les progrès sont bien minces dans un contexte géopolitique mondial très incertain. Face à des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de plus en plus hypothétiques, les avancées sont à chercher du côté des politiques d’adaptation au changement climatique, en particulier en faveur des pays les plus vulnérables aux risques physiques. Pour autant, au-delà des contraintes à court terme liées au conflit russo-ukrainien et ses conséquences sur les approvisionnements en énergies fossiles (charbon et gaz naturel liquéfié en particulier), les conditions n’ont jamais été aussi favorables à l’accélération des investissements dans les énergies renouvelables et les technologies propres.
La COP 27 s’est tenue en novembre dans un contexte de crise énergétique mondiale inédit depuis plus de 50 ans. Malgré une volonté forte de s’inscrire dans la lignée des précédentes COP et de réaffirmer l’attachement à l’objectif de limiter la hausse des températures à un niveau nettement en-dessous de 2°C et si possible à 1,5°C, force est de constater que les actes ne suivent pas l’ambition.
Rappelons qu’en 2021 à Glasgow, l’ensemble des pays s’étaient accordés pour revoir leurs ambitions à la hausse en mettant à jour leurs objectifs (au travers de leurs « National Determined Commitments » (NDC)). En novembre 2022, seuls 26 des 194 signataires ont effectivement soumis leurs contributions révisées, dont seuls l’Australie, le Mexique, la Norvège, la Turquie et la Thaïlande représentent des poids économiques significatifs (soit environ 5% seulement des émissions mondiales de GES¹).
L’ensemble des engagements actuels pointent vers une baisse de 1% des émissions de GES d’ici 2030 (par rapport à 2019) alors que l’objectif de 1,5°C de réchauffement global nécessiterait une baisse de 43% (soit environ 7% de baisse annuelle moyenne entre 2022 et 2030).
Entre une impuissance collective à aligner les engagements sur une trajectoire de 1,5°C ou 2°C et la multiplication en fréquence et en intensité des événements météorologiques extrêmes (sécheresse et incendies géants en Europe et en Amérique du Nord, inondations d’une ampleur inédite au Pakistan …), l’attention des participants à la COP 27 de Charm el-Cheikh s’est portée davantage sur le volet adaptation. Cela s’est traduit en particulier par le lancement d’une série d’initiatives visant à améliorer la résilience des communautés et pays les plus à risque face aux conséquences physiques du réchauffement climatique, avec en particulier :
Ces annonces et la prise de conscience collective de l’importance des politiques d’adaptation ont sauvé le bilan de la COP 27, bien que la majorité des modalités de mise en œuvre soient repoussées à plus tard et que les moyens financiers engagés semblent très faibles face à l’ampleur du défi.
Et pourtant, aussi déstabilisante que soit la situation géopolitique actuelle et ses conséquences sur l’écosystème énergétique mondial, nous entrons dans une phase d’alignement favorable des déterminants de la transition écologique à moyen et long terme :
Dans ce contexte, les investissements dans les énergies renouvelables et plus largement dans les technologies propres devraient accélérer, la sécurité et l’indépendance énergétique devenant les meilleurs alliés de la transition écologique.
Pour rappel, les investissements verts ont représenté un peu plus de 800 milliards de dollars en 2019 dans le monde, encore loin des 4 000 à 5 000 milliards de dollars annuels nécessaires à l’atteinte de l’objectif d’un réchauffement global limité à 1,5°C d’ici 2100.