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Chute de la Silicon Valley Bank et du Crédit Suisse

La faillite retentissante de la Silicon Valley Bank et le sauvetage en urgence de Crédit Suisse ont semé un véritable vent de panique sur les marchés.

  • Auteurs : ODDO BHF
  • 30/05/2023
  • Lecture : 4min.

Certains ont cru reconnaitre la répétition de la grande crise financière de 2008-2009 déclenchée par la faillite de Lehman Brothers. Nous ne partageons pas cette crainte. Nous considérons que la chute de ces établissements sont des évènements isolés qui ne peuvent pas être extrapolés à l’ensemble du secteur bancaire européen.

La chute de SVB 1 est de notre point de vue un cas très spécifique qui n’a pas d’implication directe sur les banques que nous détenons dans nos portefeuilles car il n’existe pas de banque avec un profil similaire en Europe. SVB affichait un déséquilibre très important entre ses crédits et ses dépôts (ratio Prêts sur Dépôts de 43%) avec une base de dépôts très concentrée et instable du fait de sa forte exposition au secteur des starts up et du venture capital. Les banques européennes, à l’inverse, affichent un bien meilleur équilibre avec une base de dépôts stable et très diversifiée qui sont assurés à 63% en moyenne contre seulement 7% pour SVB. Il existe surtout une différence majeure au niveau réglementaire. Contrairement aux banques régionales américaines comme SVB, toutes les banques européennes sont soumises à des ratios de liquidité prudentiels et leurs actifs sont valorisés au prix de marché. A titre d’exemple, Banco Santander détient suffisamment d’actifs liquides de très haute qualité pour faire face à un retrait de 27% de ses dépôts 2. 

L’origine des difficultés de Crédit Suisse résidait avant tout dans la défaillance de sa gouvernance qui se manifestait par de nombreuses controverses : accusations de blanchiment d’argent lié au trafic de drogue en Bulgarie, corruption au Mozambique, scandale d’espionnage impliquant la direction, relations d’affaires risquées avec Lex Greenshill et Archegos Capital, publication de comptes inexacts. Cette succession de scandales a définitivement terni la réputation de la banque et déclenché des retraits massifs des clients (138 milliards de francs suisses au quatrième trimestre 2022). Cette crise de confiance n’a pas laissé suffisamment de temps au nouveau management pour restructurer la banque qui affichait des pertes récurrentes depuis plusieurs années.

Il y a dans la situation actuelle une différence majeure avec la grande crise financière de 2008 : il ne s’agit pas d’un problème de qualité des actifs. Le système financier mondial n’est pas contaminé par des actifs toxiques. Il s’agit uniquement d’une crise de confiance visant des acteurs fragiles. Le profil de risque des banques européennes s’est aussi considérablement amélioré. La toxicité des actifs répandus dans le système bancaire mondial en 2008 avait conduit les autorités à durcir drastiquement la réglementation à l’égard du secteur bancaire européen qui est désormais parfaitement assaini et mieux armé pour affronter les crises. Au cours des 10 dernières années, les fonds propres des banques européennes ont doublé alors que leurs engagements (Risk Weighted Assets) ont baissé d’environ 25% 3.

Les banques européennes que nous détenons dans nos différents portefeuilles sont pour l’essentiel des banques de détail avec un modèle économique éprouvé avec une rentabilité des fonds propres tangibles souvent supérieure à 10% et en forte amélioration dans un contexte de normalisation des taux d’intérêt. La banque Unicredit a par exemple enregistré une hausse de ses revenus d’intérêt de 43% au quatrième trimestre 2022. Elles présentent également des ratios prudentiels largement au-dessus des exigences réglementaires qui leur permettent de rémunérer généreusement leurs actionnaires. Malgré l’anxiété suscitée par la chute de SVB et Crédit Suisse, la BCE a récemment émis un signal de confiance en autorisant les établissements Unicredit et BNP Paribas à procéder à la première tranche de leur programme de rachat d’action de respectivement 3.3 milliards d’euros et 2.5 milliards d’euros.

Ces atouts que sont leur santé financière renforcée après une décennie de restructurations à marche forcée et l’amélioration structurelle de leur rentabilité dans un environnement de taux d’intérêt positif, ne sont pas reflétés dans leur valorisation qui reste proche des points bas historiques.



Sources : 1 Bank of America Merrill Lynch “European Banks Strategy” 13 mars 2023, 2 Barclays European Banks Equity Research, 3 Bank of International Settlement / Bank of America Merrill Lynch “European Banks Strategy” 10 avril 2023.




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