- Auteur : Kermony Office Date : 10/07/2024 Lecture : 2min.
Pourtant, malgré cette dynamique positive, la situation est plus nuancée qu’il n’y paraît. Les nombreuses incertitudes politiques et le ralentissement de l’économie américaine continuent de polariser l’attention des investisseurs. Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière au sein du multi-family office Scala Patrimoine, revient sur les événements de ces derniers mois et expose ses perspectives pour le trimestre à venir.
Romane Azzopardi. L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, survenue après les élections européennes, a entraîné une chute marquée de plus de 6 % des marchés actions français en moins d’une semaine. Cette baisse fut également accompagnée d’une montée de la prime de risque des obligations souveraines françaises. Le second tour des élections législatives n’ayant, par ailleurs, pas permis de dégager une majorité claire à l’Assemblée nationale, cela alimentera indéniablement les préoccupations politiques pendant une période indéterminée.
Le paysage politique semble s’orienter vers un gouvernement technocratique, considéré comme l’issue la plus probable. Bien que cette perspective puisse sembler relativement bénigne pour la Bourse, il demeure complexe d’évaluer avec précision son impact sur les marchés français. Certains secteurs ont, en effet, été plus affectés que d’autres, et les valeurs les plus exposées au marché domestique continueront de montrer une vulnérabilité accrue.
À court terme, les préoccupations et les fluctuations persisteront tant que les orientations politiques ne seront pas clarifiées. À moyen terme, l’endettement demeurera sans doute l’une des inquiétudes prédominantes des marchés financiers.
Romane Azzopardi. Au-delà des enjeux politiques, la situation économique dans la zone euro affiche quelques signes encourageants de reprise. La croissance du PIB pour le premier trimestre de 2024 a progressé de 0,3 %, soutenue par une augmentation des exportations nettes et un regain d’activité dans le secteur des services. Cette croissance a également bénéficié d’une amélioration des salaires réels, augmentant ainsi le pouvoir d’achat et stimulant la consommation.
En ce qui concerne l’inflation, bien que la tendance des prix reste préoccupante, la baisse progressive et continue de l’indice des prix à la consommation a contribué à stabiliser l’économie. Une inflation en recul réduit d’abord les coûts pour les entreprises, tout en allégeant la pression sur le pouvoir d’achat des ménages, favorisant ainsi une reprise économique, certes modeste, projetée à 0,8 % pour 2024. La diminution de l’inflation a également permis à la BCE de réduire ses taux directeurs de 25 points de base pour la première fois en deux ans, assouplissant ainsi les conditions financières et ouvrant la voie à d’éventuelles baisses de taux supplémentaires.
Romane Azzopardi. Les derniers indicateurs signalent un affaiblissement de la consommation des ménages américains, l’un des principaux moteurs de l’économie nationale. Cet affaiblissement s’explique notamment par l’épuisement de l’épargne excédentaire accumulée durant la pandémie, avec un taux d’épargne tombé à 3,6 %, en deçà de la moyenne historique. Cet épuisement, couplé à une augmentation des défauts de paiement, y compris sur les crédits immobiliers, exerce une pression financière accrue sur les ménages.
Cette dynamique a conduit à une réduction de la consommation, susceptible d’affecter la croissance de l’activité économique américaine. De plus, le ralentissement récent du marché du travail a entraîné une diminution du rythme de croissance des salaires, impactant directement la consommation. Toutefois, une croissance salariale plus modérée pourrait alléger la pression sur l’inflation, ce qui pourrait inciter la Fed à abaisser ses taux.
Concernant la croissance, les prévisions restent globalement rassurantes avec une projection de 2,7 % pour 2024, selon le FMI. Cependant, les décisions futures de la Fed quant aux taux directeurs seront cruciales pour la dynamique de la croissance américaine.
Romane Azzopardi. L’issue des élections présidentielles américaines, marquées par le retrait de Joe Biden et la tentative d’assassinat sur Donal Trump, et le plan de réduction des déficits français, soumis à la Commission européenne dans les mois à venir, continueront d’alimenter la volatilité à court terme. Le contexte géopolitique, source constante d’instabilité, ajoutera également à cette incertitude.
En second lieu, les décisions monétaires des banques centrales, notamment celles de la Fed et de la BCE concernant leurs politiques de taux directeurs, seront déterminantes.
Troisièmement, nous entrons dans une période cruciale de publication des résultats financiers des entreprises. La capacité des entreprises à maintenir et à préserver leur croissance bénéficiaire sera essentielle pour soutenir les marchés actions.
Enfin, l’exacerbation potentielle des tensions commerciales entre l’Union européenne, la Chine, et possiblement les États-Unis en cas de victoire des Républicains pourrait entraver la reprise du cycle manufacturier attendu en Europe et nuire à la croissance économique globale.